EAN13
9782952008358
ISBN
978-2-9520083-5-8
Éditeur
RYTRUT
Date de publication
Nombre de pages
312
Dimensions
21 x 15 x 2 cm
Poids
670 g
Langue
français
Langue d'origine
anglais
Code dewey
781.660922
Fiches UNIMARC
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Moi, Shithead

toute une vie dans le punk

De

Rytrut

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Obskure.com, 8 juillet 2011, Sylvain Nicolino

C’est encore un merveilleux livre dont les Éditions Rytrut nous proposent la traduction. Joey Keithley, dit Shithead (« tête de con » ou « tête de noeud », au choix) est le chanteur de D.O.A., l’un des groupes phares du mouvement hardcore. D.O.A. : trois lettres pour « Dead On Arrival », soit l’étiquette accroché aux morts lorsqu’ils arrivent à la morgue.

Il est toujours délicat de verser dans l’autobiographie quand on fait partie d’un groupe dit intègre. En quoi sa petite vie peut-elle intéresser les autres ? Comment éviter le piège de la starification ? Comment servir d’exemple tout en refusant d’en être un ? Le livre y répond sereinement, tout comme le faisait Get in the Van d’Henry Rollins.

Extrêmement précis dans ses souvenirs puisqu’il se base sur des boîtes remplies de flyers, affiches et tickets de concerts, Joey se livre et, par sa vie, le lecteur en apprend toujours un peu plus sur ce que fut la naissance et le développement du punk / hardcore outre-Atlantique. On échappe à la ritournelle du punk né de nulle part : avec régularité, Joey cite les groupes qui l’ont marqué : on croise la mémoire des Who, de Black Sabbath, l’influence spirituelle du reggae, Iggy Pop, John Lennon et même Pete Seeger, chanteur folk engagé. Sur ces bases, D.O.A. se construit une personnalité : leur musique sera punk et hardcore, leur propos sera politiquement rebelle.

Le lecteur suit pas à pas ces grands gaillards de Vancouver se mesurer à l’immensité de leur pays et aux hivers glaciaux. Les récits des tournées qui épuisent les machines plus vite que les hommes, les trajets interminables et les échappées sur les terres qui nous semblent, faute d’approfondissement, les moins rock’n’roll du vieux continent (Pologne, Yougoslavie…) contiennent leur dose de folie évidente. Avec un certain humour et beaucoup de recul sur les moments les plus durs, Joey décrit ces aventures. Les concerts sont souvent l’occasion de beuveries, sur lesquels le livre ne s’étend pas (et c’est volontaire : on sait comment sont pénibles ces récits sans fin et peu drôles), excepté pour un week-end parrainé par des bikers soiffards !

Toute une culture se met en place, prenant le relais des alternatives des années 70 : le « Do It Yourself » est la seule solution pour se déplacer, on colle à la farine les affiches, des personnes isolées se lancent dans la programmation de concerts, les salles des bars plient sous la jeune génération bruyante, on loue du matos souvent pourri ; la débrouille règne et gagne une à une ses conquêtes. Toute une scène méconnue par ici se dévoile, celle du Canada, à la fois riche en nombre de groupes et consanguine (les musiciens passent aisément d’un projet à l’autre). Joey a beau jeu de rappeler que ni MTV ni Internet n’existaient lors de ses débuts. (Extrait)
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