L'ATTENTE
EAN13
9791095066583
ISBN
979-10-95066-58-3
Éditeur
COOPERATIVE
Date de publication
Nombre de pages
240
Dimensions
21,1 x 15,2 x 2,1 cm
Poids
344 g
Langue
français
Fiches UNIMARC
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L'Attente

Cooperative

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Tard : une journée encore, écoulée, disparue. Par rapport à ce constat banal, deux réactions opposées sont possibles : la plainte de l’avare dépossédé ou la liberté acquise en cet allégement de soi-même consenti. Vivre c’est cela : la voltige d’un grain de poussière dans la lumière, le frémissement de chaque instant qui est aussi une visitation. Ce sentiment de plénitude se concilie étrangement avec celui de la perte. Comme si je devenais de plus en plus riche de ces heures mal ou bien traversées. Ainsi, l’écume de la vague qui brille sur le sable quand le reflux est amorcé. Je suis riche, non pas des objets vainement accumulés, mais de ces frôlements du temps qui m’épurent, me délivrent de l’accessoire, me ramènent à l’essentiel. Oui, le temps s’en va et ma vie avec, mais c’est comme si ma barque, devenue de plus en plus légère, trouvait un nouveau tempo pour bondir vers l’horizon qui se rapproche. L’expression musicale me semble juste pour décrire ce que je ressens ce soir. C’est un étrange jeu de qui perd gagne. Progressivement tout ce qui m’est enlevé m’est rendu transformé. En est-il de la vie humaine comme du passage de la chenille au papillon ? Comme elle semble soudain ingrate cette mue que l’on abandonne derrière soi, quand déjà se défroissent les ailes engluées d’une très longue attente ! (...)
Certes, Jacques Robinet, s’il a quitté son sacerdoce, et on imagine quelles souffrances cela a dû lui coûter, tourne sans cesse autour de la question de Dieu, de la foi, mais pas en croyant, plutôt en agnostique qui voudrait tant croire, avec parfois des accents pascaliens. Il m’est arrivé de renoncer à une lecture, tant ce présupposé d’une foi totale et non sujette au doute m’excluait totalement de ce qui était vécu et énoncé. Ici il n’en est rien, je retrouve plutôt quelque chose des tourments d’un Bernard Collin, d’un Jacques Minière, avec cette grande culture judéo-chrétienne, peut-être même jésuite (là je m’avance peut-être un peu trop ?) qui irrigue leur pensée. Comme Pesquès ou Domerg cherchent la Sainte-Victoire (la montagne ! son paysage, son mystère, sa lumière...) sans jamais la trouver, eux semblent tourner autour de l’idée d’une transcendance à laquelle ils voudraient tant croire, tout en sachant qu’ils en sont en partie incapables. Et bien sûr tout l’enjeu réside dans ce « en partie ». Quelque chose parfois semble s’ouvrir mais ce sera la plupart du temps pour se refermer avec d’autant plus de violence.
FLORENCE TROCMÉ, Poezibao, 24 décembre 2019.
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