Pina
EAN13
9782367344195
Éditeur
Au vent des îles
Date de publication
Collection
LITTERATURE
Langue
français
Langue d'origine
français
Fiches UNIMARC
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Pina

Au vent des îles

Litterature

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à écouter : France Inter, juillet 2021, dans l'émission Un monde nouveau :
https://www.franceinter.fr/emissions/un-monde-nouveau/un-monde-nouveau-du-
mardi-27-juillet-2021 ==== Livre « coup de poing » qui dit les misères
contemporaines à Tahiti, où Pina brosse le portrait d’une Polynésie déchirée
où deux mondes parallèles se côtoient sans se voir. Tahiti, île des
différences qui séparent. K.O. 2ème round. Avec Mutismes finalement, Titaua
Peu ne faisait qu’entrouvrir la porte pour dénoncer les silences. Avec Pina,
elle la défonce, la fait claquer, rebondir, résonner avec rage voire colère
haineuse et crûment, arrache les voiles devant toutes les violences :
familiales, sociales, politiques, coloniales. Et elle nous laisse tous K.O. si
tant est qu’on « tienne le combat » jusqu’au bout. Pour ce faire – en
Almodovar de la littérature polynésienne -, l’auteure a choisi une famille qui
cumule toutes les misères de cette terre : un couple, Auguste et « Ma » et une
famille nombreuse dont trois « absents » parce qu’adoptés il y a longtemps.
Pour ceux qui restent, Auguste junior, Hannah, Pauro, Rosa, Pina et Moïra,
c’est un destin de « survivant » qui les attend. Survivre aux violences sous
toutes ses formes : morales, affectives, sexuelles, sociales, survivre aux
abandons, absences, silences, incestes, peurs, dépréciations, exploitations,
clichés, désamours, manques, folies… Pour survivre, les amours vraies et les
amitiés, celles de la tante Poe et de l’oncle Teanuaua, des amants François,
John, Michel, l’intelligence de chacun, le goût d’en sortir, la soif de
justice, pas forcément celle des hommes. La question se pose d’ailleurs tout
au long du roman au fond – qui survivra ou non et comment ? – avec cette
petite phrase qui jalonne toute l’histoire et laisse entendre qu’un petit
corps est retrouvé pendu. On se doute assez vite d’ailleurs qu’il s’agit de
Pina, petite enfant noire aux cheveux crépus, délaissée. Pina, le pivot et le
cœur du roman, plantée là comme une conscience ignorée, esseulée, bafouée.
C’est un livre. Une fiction où tout le monde (Polynésiens comme Popa’a, locaux
comme métro, hommes d’affaires libidineux comme vahine oublieuse de sa
dignité, croyant comme athée, anciens comme nouveaux colons) en prend pour son
grade. L’écriture simple et directe, très orale souvent, alourdit un peu plus
la sentence. Un grand cri de rage trempé dans la sueur, le sang, le sperme et
les larmes. Soyons francs : entrer dans les pages vertigineuses d’un Tahiti
qu’on ne dit pas ne laissera personne indemne. On aimera, on s’attachera. Ou…
on détestera. C’est le risque pris par l’auteur. Un risque qu’elle assume avec
insolence bien souvent. Et l’on est en droit de se demander pourquoi ? Quelle
urgence ? … Sans doute il n’y a aucune urgence à étaler les chairs ouvertes.
Parfois pourtant, dans des moments salvateurs, mêler les odeurs, les couleurs,
les sons si particuliers d’une terre aimée passionnément est le seul exutoire.
Pas d’urgence et sous le sable noir, la plage ? Pas d’urgence, simplement le
besoin de libérer (de nouveau) une autre parole. Prix Eugène Dabit 2017
Auteure à l’engagement éminemment politique, Titaua Peu donne à voir une
société polynésienne réaliste, loin des clichés illusoires. Elle représente
une des principales voix francophones de la littérature du Pacifique. Prenant
le pas des « écrivains de l’ailleurs », c’est par sa voir tahitienne que
s’expriment les réalités de son propre pays. Malgré son refus d’assimilation
et son côté inclassable, elle s’impose pourtant définitivement comme auteure
incontournable du paysage intellectuel et artistique polynésien. Avec
Mutismes, son premier roman, elle devient la plus jeune auteure tahitienne à
être publiée. Dès sa sortie, ce qu’elle décrit comme une « fiction », car «
rien ne s’est passé et pourtant tout est vrai », fait scandale : ce texte est
un véritable coup de poing contre l’establishment. Manifeste indépendantiste,
il (re)donne voix aux oubliés des années fastes du Centre d’Expérimentation du
Pacifique (CEP). Avec Pina, son second roman, lauréat du Prix Eugène Dabit en
2017, Titaua Peu réalise un tour de force volontairement déterminé, salué par
la critique, qui scelle son combat littéraire tout autant que social.
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