Laurence G.

Libraire passionnée à Epinal depuis 2013.

Éditions Gallmeister

9,90
Conseillé par (Libraire)
29 mai 2021

Un très beau roman sur les perdants de l'Amérique

Gros coup de ❤ pour ce premier roman paru aux editions Gallmeister.
Il a pour cadre l'Amérique rurale, celle des Bull Mountains dans le Montana, celle des petits propriétaires terriens, fréquentant l'église mais armés jusqu'aux dents, alcooliques, attachés viscéralement à leurs montagnes. Ils exècrent l'État qui récupère peu à peu leurs terres suite à des faillites et crée des zones interdites aux chasseurs ou les empêchent de tuer les loups.
Va devoir survivre au milieu de ça un enfant autiste qui va être recueilli par la dernière personne de sa sa famille qui lui reste, son cousin. L'histoire va se compliquer pour les deux personnages qui ont chacun un lourd passif à gérer...
Un roman âpre qui parle de déchéance, de vies brisées et de vengeance dans l'Amérique d"Obama.

Sonatine éditions

21,00
Conseillé par (Libraire)
26 mai 2021

Le roman de Bergmoser, nouveau venu, est un vrai coup de coeur !

Le bush australien est le décor de cette histoire qui va se dérouler sur un très court laps de temps. Divers personnages s’y sont perdus , dans tous les sens du terme, dont le principal, un certain Frank, qui l’a élu dernier domicile fixe en achetant une petite station-service postée le long d’une route aussi peu fréquentée que le sentier des douanes un jour de tempête.
Frank est un gars qui a vécu pas mal de choses dans sa vie et pas des plus sympas, ce qui l’a convaincu de s’isoler du reste des humains au fin fond du bush. Mais il a quand même eu une vie sociale avant de devenir vaguement pompiste dans ce désert rouge, et il a notamment une petite-fille, Allie, désormais ado, que son fils qu’il n’a pas vu depuis 10 ans, va lui envoyer sans refus possible. Autant vous dire tout de suite que le grand-père comme la gamine ne sont pas particulièrement heureux de devoir cohabiter quelques semaines… A ces deux-là vont se rajouter un couple de jeunes anglais en goguette, Delilah et Charlie, un commercial en voyage d’affaires et surtout une jeune femme qui va débarquer en voiture, blessée à la jambe et dans un sale état jusqu’à s’évanouir au moment où elle va mettre un pied au sol devant la pompe à essence de Frank. Les problèmes vont justement commencer avec elle ; elle ne va pas seulement ne pas vouloir qu’on avertisse une ambulance, elle va également être recherchée par des types qui, si vous les croisiez la nuit – ou même le jour - dans la rue, vous mettraient une vraie pétoche...
Le suspense est créé avec l'isolement total des personnages qui ne vont pouvoir compter que sur eux-mêmes et avec une dilution des informations grâce à l’alternance de points de vue, construction classique mais efficace: tantôt on remonte dans le temps et on découvre peu à peu qui est la fille porte-poisse et pourquoi elle arrive dans cet état, tantôt on est dans la station-service avec toutes les très méchantes embrouilles qui vont bientôt y advenir.
Bergmoser sait parfaitement doser les éléments de l’intrigue qui éclairent peu à peu le lecteur ; il le fait de façon habile et ses personnages sont tout à fait crédibles. Son histoire est bien montée et assez dingue, un vrai page-turner ! La quatrième de couverture fait référence à l’excellent roman de Douglas Kennedy « Piège nuptial » (publié en 1994): le cadre est effectivement le même et la montée de la tension de « La chasse » est tout aussi réussie que dans « Piège nuptial ».
Si le titre n’est pas des plus originaux, ce thriller est nerveux, rapide, efficace, cohérent ; le récit a de nombreuses qualités que vous pourrez découvrir par vous-même si vous vous en emparez, ce que je conseille vivement à tous ceux et celles qui recherchent une montée d’adrénaline avec leurs lectures!

Actes Sud

23,00
Conseillé par (Libraire)
22 mai 2021

PRIX DU MOULIN DES LETTRES 2022 #2 : Nature sauvage, amitié, thriller : triplé gagnant !

Vous aimez la nature et vous n’êtes jamais monté à bord d’un canoë ? Qu’à cela ne tienne, ouvrez le roman de Peter Heller,
« La Rivière », paru chez Actes Sud en ce mois de mai 2021, et laissez-vous emporter sur les flots de la Maskwa avec deux bons copains, Wynn et Jack. Ça va gîter fort, et question suspense, vous allez vite vous retrouver dans les eaux troubles d’un thriller !
Fanas de nature, de pêche à la mouche et de sport, les deux compères s’apprécient et se font mutuellement confiance; ils se sont connus au début de leurs études universitaires à Dartmouth et deviennent vite l’un pour l’autre plus qu’un ami, un frère. Ils sont liés par leur amour des grands espaces et de la vie en plein air mais également par celui de la lecture.
Ils décident de réaliser l’un de leurs vieux rêves, prendre une pause pendant leur année universitaire pour descendre en canoë pendant quelques semaines une rivière se jetant dans la baie d’Hudson, en prenant le temps de se poser pour pêcher et admirer la nature sauvage dans ce coin perdu du nord du Canada qu’ils ont choisi comme destination. Tous deux sont des gaillards habitués à des virées en montagne ou sur l’eau; ils ont bien préparé leur périple qui n'est pas des plus reposants car la rivière comporte des rapides difficiles à passer et ont déjà entamé leur descente de la rivière lorsqu’ils aperçoivent un feu de forêt au loin.
Ayant rencontré auparavant deux types, puis un couple, ils vont se sentir obligés de rebrousser chemin pour les avertir du danger croissant du feu qui semble progresser de plus en plus vite.
Le récit commence alors à perdre sa couleur de « nature writing » pour se transformer en roman à suspense…
Peter Heller a le don de nous faire partager son amour de la nature sauvage mais c’est aussi un conteur fabuleux qui sait tisser une histoire qui peu à peu va prendre un tout autre tour que celui attendu. Le danger qui va se concrétiser sous diverses formes va révéler chez chacun des deux amis une facette inconnue de leur personnalité avec laquelle le duo va devoir composer.
Les descriptions des paysages grandioses sont tout aussi réussies que la lente montée de la tension ou la finesse avec laquelle l’auteur étreint ses personnages. Un très beau roman et un très gros coup de coeur !
Un gros coup de ❤ pour les jurées et ce qu'elles en ont dit : "Drame, suspens et émotion!" "Haletant !" "J'ai adoré !" "Coup de cœur pour les descriptions de la nature extraordinaires, les images sonores et visuelles et l'amitié au centre du roman" "Je l'ai dévoré !" "Vitalité et personnages sympathiques" "J'ai adoré les descriptions ", "Captivant de bout en bout !"

suivi de La Retraite du juge Wagner

Actes Sud

7,00
Conseillé par (Libraire)
21 mai 2021

Une novella aussi forte qu'un verre de scotch !

Avec son style chaloupé, ses phrases bien balancées et ses situations habilement croquées, Nicolas Mathieu nous a habitués avec ses deux romans précédents -"Aux animaux la guerre" et "Leurs enfants après eux", Prix Goncourt 2018 - à des bras cassés du quotidien, des anti-héros à la mine fatiguée et à l'haleine redoutable, des familles désargentées, des jeunes zonant au milieu d'usines désaffectées et à un contexte social déprimé.
Nous le retrouvons avec grand plaisir avec ce 3ème et très court opus qui vient tout juste de paraitre, "Rose Royal", publié initialement dans la collection noire "Polaroïd" de la maison d'éditions IN8 dirigée par Marc Villard et qui vient de passer en poche chez Actes Sud , Babel.
Cette fois-ci nous sommes à Nancy; il nous présente la belle Rose,qu'on croise d'ailleurs tous les jours dans la rue; elle flirte avec la cinquantaine, ayant toujours tout assumé jusque-là, mari, divorce, enfants, boulot, galères, coups, solitude et souhaitant - malgré tout - encore profiter de la vie même si celle-ci est en train de la laisser de côté.
Elle a pris ses habitudes dans un troquet où elle se rend après son travail pour retrouver le patron, ses piliers, le journal et son amie Marie-Jeanne. Une rencontre inattendue va bouleverser ce qu'elle souhaitait bouleverser, une vie monotone et trop pleine d'attendus.
Du rose du titre il ne restera plus grand' chose à la fin, remplacé par le noir qu'on sent présent, même si bien planqué au début; Nicolas Mathieu n'écrit pas des histoires pour midinettes, il nous le confirme encore une fois. Brillant, percutant, et un beau portrait de femme, bref à lire!

Librement adapté du roman de fernando aramburu

Ankama

27,90
Conseillé par (Libraire)
14 mai 2021

Entre Histoire nationale et récit intime, un roman graphique fort et émouvant.

Un coup de coeur de Clémentine !
Dans un village du pays basque espagnol, Bittori et Miren, amies de longue date, prospèrent tant bien que mal avec leurs familles respectives, dans une région où la violence est quotidienne. Mais en grandissant, Joxe Mari, fils de Miren, rejoint les rangs de l'ETA, organisation terroriste indépendantiste. Quand le mari de Bittori est assassiné par le groupe, la question de l'implication de Joxe Mari se pose. La relation entre les membres de ces deux familles ne seront plus jamais les mêmes.
Toni Fejzula retranscrit à merveille le roman complexe et polyphonique de Fernando Aramburu, paru chez Actes Sud en 2016. Au travers des situations personnelles des huit narrateurs de cette histoire, c’est le paysage d’une région mise à mal par le terrorisme qui se dessine. Besoin de savoir, de dénoncer, de fuir, repli sur soi, fanatisme, compassion, individualisme, regret, pardon : chacun des huit points de vue apporte à l'histoire, la compose, et on ne peut que saluer la complexité de cette fresque psychologique.
Le graphisme de Fejzula est impressionnant de beauté et de puissance. Le choix de cases déstructurées, de tailles et de formes variables, permet à l’illustrateur de jouer sur les perspectives, les cadrages, accentuant ainsi les effets du dessin. Les couleurs douces, au crayon de couleur, contrastent avec la violence du sujet traité, et couvrent le livre d'un voile de nostalgie qui sied si bien à l’histoire.