Stéphane R.
- Profil
- Commentaires
- Listes
Dernier commentaire
L'individualisme en question
Démonstration convaincante de l’évolution de l’individualisme. L’auteur retrace la naissance du concept au XVIII siècle en faisant référence à J. Locke et remonte époque après époque les mutations de cet individualisme qui de libéral, démocratique et émancipateur, se transforme sous l’effet du néolibéralisme, qui impose de nouvelles contraintes aux personnes et des nouvelles technologies qui donnent le sentiment de toute puissance, en tyrannie de l’individu. Cette évolution fait peu à peu se substituer au principe d’une communauté de citoyens unis par quelques valeurs fondamentales, celui d’une nuée s’en remettant avant toute chose à leur désir. Nous avons basculé d’une détermination par le passé, à laquelle il était devenu possible d’échapper grâce au progrès de la protection sociale et à la croissance économique, à une indétermination par l’avenir qui reporte sur l’individu des responsabilités relevant auparavant de la puissance publique. Nous sommes entrés dans une société de responsabilité de soi ; chacun doit agir par lui-même pour ne pas être exclu de la société et s’en sortir. De nos jours, nous passons de l’ère moderne ayant vu des citoyens chercher à affirmer leur singularité et à défendre leurs intérêts, mais tenus de se référer d’une manière ou d’une autre à un code de valeurs partagés, au stade d’une prolifération d’individus non pas isolés, mais autarciques. Il en découle un rejet, voir une haine viscérale de toute ce qui est majoritaire, dominateur ou universel, car perçu comme oppressif, injuste, discriminatoire. Ainsi la démocratie représentative ou les droits de l’hommes par exemples sont considérés comme des valeurs relevant d’un autre âge, qu’il faut savoir dépasser pour mieux affirmer les identités multiples de chacun. Il en résulte une atomisation, parcellisation de la société ou les individus se retrouvent seuls face à eux même, face aux autres et face à la société. Cette situation engendre beaucoup de violence car d’un côté l’individu est de plus en plus seul face à l’économie néolibérale et d’une autre coté, il se sent équipé pour réclamer réparation et rejeter l’autorité. Or la confiance en la société dépend de deux facteurs : premièrement la promesse tacite du pouvoir politique de ne pas violer le contrat social et d’œuvrer aux conditions de sa réalisation, en somme de protéger les citoyens. Deuxièmement de la capacité des individus d’accepter les règles du jeu de la société, les institutions représentatives. Mais de nos jours ces deux points posent problème : la parole publique est délégitimée et les individus ont la volonté de s’affirmer sans retenu, voire d’en découdre, en tous cas pensent qu’ils ne pourront s’en sortir que par eux-mêmes ce qui est paradoxal car par ailleurs ils attendent beaucoup de l’état en tous cas en France.