Un principe de concorde.
Le principe de laïcité à la française s'est construit sur l’héritage monarchique et des Lumières. C'est la thèse défendue par l'auteur. La doctrine de la souveraineté jour ici un rôle majeur, car c'est elle, qui en fondant la prééminence l’État sur les Églises, a permis de faire de la loi le moyen de garantir la coexistence des libertés et non plus de guider les hommes vers le salut. La sacralisation du pouvoir royal ouvre ainsi la voie à l'émancipation de la société de la religion. C'est Michel de l’Hospital qui porte ce projet au XV siècle, puis c'est Pierre Bayle au XVIIe qui affirme que le lien social n'est pas fondé sur la religion. La révolution française puis la République ont suivi cette trace. La loi de 1905 n'a pas clos l'histoire de la laïcité, car cette histoire ne se réduit pas à l'avènement d'une État neutre qui serait indifférent à la manière dont les religions agissent dans la société. La neutralité de l’État était d'abord un moyen propre à garantir la liberté des croyants, mais aussi protéger l'ensemble des citoyens contre les tentatives d'une partie de la société religieuse pour dominer la société civile. La laïcité ne s'est jamais réduite à un principe simple de séparation. L’État demande aux religions d’accepter que la société n’obéisse pas à la loi divine. Elles doivent reconnaitre que la "vérité" qu'elles proclament n'a aucun privilège particulier et même qu'elle doit céder le pas les lois de la République. La neutralité de l’État poursuit un but plus général : empêcher qu'une religion puisse imposer sa loi pour garantir la liberté de conscience des autres.
En souvenir...
Pendant longtemps, Ginette Kolinka n'a pas souhaité communiquer sur son expérience de l'univers concentrationnaire comme beaucoup d’autres déportés. C'est un phénomène psychologique désormais connu et documenté de refoulement inconscient pour pouvoir continuer à vivre, mais aussi parce que le contexte de l'époque ne s'y prêtait pas et la parole des déportés était souvent inaudible. Cependant, depuis les années 90 le retour de la mémoire pousse les survivants à témoigner. Souvent ils le font pour rendre hommage à tous ceux qui ne sont pas revenus et qui n'ont pas eu la chance de survivre. Ce ne fut pas facile pour Ginette Kolinka de franchir ce cap car comme elle le dit, elle n’a « pas fait d’étude et n’a pas de conversation ». Cependant quand vous l’écoutez c’est tout le contraire que vous constatez. Elle parle avec force et pédagogie. Depuis lors, elle ne cesse de témoigner à destination des jeunes pour leur expliquer comment le hasard lui a donné la chance de transmettre cette terrible expérience de laquelle elle n’aurait pas dû revenir. Le livre est facile à lire même si le schéma narratif n’est pas linéaire. Elle commence par l’arrivée à Birkenau jusqu’à la libération, puis elle revient sur son arrestation avant d’évoquer la vie après son retour, puis son engagement pour la transmission de cette mémoire. Certains épisodes sont très émouvants comme les circonstances malheureuses de la sélection de son père et son frère, l’enfer des latrines, les mortes de la nuit, la robe donnée par Simone Veil, la peur des sélections sauvages. Mais au final même si l’expérience concentrationnaire reste largement indicible, elle arrive à nous faire prendre conscience que cet héritage doit être transmis pour qu’il éduque nos consciences.
Par amour / roman
Prix des lecteurs Littérature française 2018
De Valérie Tong Cuong
Le Livre de poche
Ce qui nous motive en temps de crise.
C’est l’histoire d’une famille ordinaire qui vit au Havre durant la seconde guerre mondiale. Leur quotidien mais aussi leurs certitudes, leurs valeurs, vont se trouver ébranlées par les péripéties que la guerre va leur imposer et qu’ils vont devoir affronter durant 5 ans, mais au-delà des souffrances qu’ils sont bien obligés de subir, il y a un lien qui continue à les unir tout en les torturant dans leur for intérieur, qui les poussent au final à faire déterminer leurs actions par amour pour les autres. C’est un roman d’une grande humanité, empathique, qui ne tombe dans la mièvrerie ou la sensiblerie. Un livre positif qui nous parle des choix que nous devons faire en temps de crise, de leurs motivations profondes, qui n’oublie pas que nous restons des êtres humains partagés, plein de paradoxes, ambivalents, contradictoires, dans un contexte extrême qui révèle souvent la vraie nature des êtres humains.
Le criminel nazi le plus recherché?
Ce roman relate l'histoire d'un des criminels nazis le plus connu après 1945 et qui aura fait couler beaucoup d'encre car il est resté insaisissable. Comme les historiens éprouvent des difficultés à reconstituer avec exactitude son parcours d'après-guerre en Amérique du Sud, la forme romanesque permet d'imaginer en restant le plus crédible possible son itinéraire. L'auteur s'est appuyé notamment sur la biographie de Mengele rédigée par Posner et Ware à partir des journaux intimes du criminel en cavale. Il raconte la lente dégringolade du criminel nazi qui, pourtant protégé par sa famille aisée, mais aussi par les autorités locales, va réussir dans un premier temps à envisager un avenir, avant de sombrer tout de même dans la solitude et l'abandon à cause de la pression internationale et de la traque qui s'organise autour de lui de manière trop dispersée, ce qui va lui permettre d'échapper à ses juges jusqu'au bout. Au moins il n’aura pas vécu tranquille ni heureux.
Nazisme et islamisme
Un jeune de banlieue issue de l'immigration découvre à la suite du décès de son grand frère son journal qui raconte son périple pour retrouver l'histoire de ses parents qui vivaient encore en Algérie. Au travers de ce roman, l'auteur essaye de faire des liens entre le nazisme et l'islamisme pour nous alerter sur l’islamisation rampante des pays "arabes" et occidentaux. la démarche n'est pas totalement satisfaisante, même si historiquement des liens existent entre les deux idéologies. C'est aussi un roman sur la notion d'identité, les origines et l'intégration qui reste agréable à lire.