L'horreur qui nous prend au visage, L'État français et le génocide au Rwanda
EAN13
9782811122959
Éditeur
Karthala
Date de publication
Langue
français
Fiches UNIMARC
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L'horreur qui nous prend au visage

L'État français et le génocide au Rwanda

Karthala

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En 1994 s'accomplissait au Rwanda le dernier génocide du XXe siècle. En trois
mois, un million d'hommes, de femmes, de vieillards et d'enfants étaient
exterminés uniquement parce qu'ils étaient Tutsi. Il est vite apparu que la
question des responsabilités françaises était incontournable. La France a en
effet soutenu un régime fasciste qui couvait l'idéologie et les forces du
génocide, puis ces forces en train de commettre l'abomination, avant de
favoriser leur repli et leurs préparatifs de " revanche ". Les voix qui
dénonçaient en France ce sinistre scandale ont été vite étouffées par une
chape de plomb politico-militaire et une désinformation incessante.
En 1998 cependant, les révélations du journaliste Patrick de Saint-Exupéry
contraignaient une Mission d'information parlementaire à soulever le
couvercle, mais pour conclure seulement à une " erreur " d'appréciation
politique, en dépit du contenu même de son Rapport. Un ensemble d'associations
et de citoyens a estimé ne pas pouvoir laisser dans un tel déni la
commémoration des dix ans du génocide. Ils ont organisé, du 22 au 26 mars
2004, une Commission d'Enquête Citoyenne (CEC), appuyée par plus de huit mille
signatures.
Cette semaine intense de travaux et de débats est retranscrite dans le présent
ouvrage : rapports, documents (pour certains inédits), paroles d'experts, de
rescapés et de bourreaux se prolongent dans les échanges de la Commission. Les
membres de la CEC, même ceux qui connaissaient très bien le sujet, ont été
saisis d'effroi et de dégoût devant ce qui ressort d'un tel faisceau de
preuves et d'informations : leur pays est inextricablement mêlé à un génocide.
Réfléchissant, décidant et agissant comme si ce génocide n'était qu'un
phénomène collatéral d'une guerre civile, les responsables civils et
militaires de la France ont favorisé de fait son accomplissement. Notre pays
ne veut toujours pas le savoir, ni assumer ses responsabilités, ni demander
des comptes à ses plus hauts dirigeants.
Au printemps 2004, la CEC n'a pas été seule à relever cette évidence.
Désormais, il y a deux attitudes incompatibles. Certains continueront de
considérer que la raison d'Etat doit protéger le noeud politico-militaire
engagé dans un génocide, dans le sillage d'une doctrine qui a des accointances
avec tous les fascismes. Pour d'autres, la mémoire des victimes rwandaises,
les leçons de ce génocide après celui des Juifs où l'Etat français s'était
déjà trouvé compromis, la prévention de futurs crimes de masse, en Afrique ou
ailleurs, l'avenir de la démocratie en France, imposent de faire la vérité et
d'y restaurer des contre-pouvoirs. La lecture de ce livre peut contribuer à
accroître le nombre des citoyens qui refusent l'intolérable.
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