Éloge de ce qui nous lie, L'étonnante modernité des rites
EAN13
9782815955935
Éditeur
Editions de l'Aube
Date de publication
Collection
Monde en cours - Essais
Langue
français
Fiches UNIMARC
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Éloge de ce qui nous lie

L'étonnante modernité des rites

Editions de l'Aube

Monde en cours - Essais

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Notre modernité semble durablement fâchée avec les rites. Ceux-ci
symboliseraient des vestiges d’un passé formaliste à révoquer d’urgence, de
traditions vieillottes à liquider rapidement. Car jeunisme et spontanéité
règneraient, en apparence, à l’époque du tutoiement généralisé et de l’esprit
parodique et frondeur des réseaux sociaux. Considérer cela, c’est regarder les
choses à courte vue. Car même dans nos sociétés sécularisées, affranchies de
maintes traditions, nos vies sont encore pleines de rites. Civilités et repas
de famille, bons restaurants et crémaillères, mariages à l’étonnant regain…
Autant de contextes festifs et symboliques qui nous voient communiquer avec
nos proches, et surtout communier avec eux, dans un espace-temps particulier,
symbolique et festif. Les institutions, aussi, se caractérisent par des rites
subtils hérités de la tradition. Tous ont pour fonctions de légitimer,
d’adouber et de consacrer ceux qui y viennent, et qui sont placés sous les
feux de la rampe rituelle. Université et Justice, sphère politique et Armée
sont, entre autres, des institutions scellées par des rites forts et assez
intangibles. Notre époque voit aussi la résurgence de néo-rites païens,
d’Halloween à la Gay Pride, de l’incontournable soirée du beaujolais nouveau
aux retransmissions médiatiques des Oscars, de l’élection des Miss, du
Festival de Cannes. Et puis on ne peut évoquer les rites sans considérer leurs
fonctions inestimables – touchées du doigt par défaut – lors de la séquence
épidémique. Là, distanciation, masques, bornes, gel et gestes barrières ont
prouvé combien les rites manquent, quand nous en sommes privés. Quant au
marketing, il a su depuis longtemps s’accaparer les rites en détournant des
dispositifs cultuels, pour se nimber de sacralité. L’Apple store, c’est «
Notre-Dame de la Pomme » ! Et bien des touristes-pèlerins visitent les concept
stores des grandes marques sur les (bien-nommés) Champs-Elysées (Vuitton,
Ladurée…), comme on va en pèlerinage, « souvenirs-reliques » et selfies à la
clé ! Enfin, le management a su faire des rites en entreprise des alliés sûrs.
Ceux-ci permettent de produire de la cohésion, de la valorisation, de la
motivation. Et ce en créant des contextes spéciaux, réunissant les équipes,
mettant les collaborateurs en valeur, réaffirmant les valeurs et les grands
principes fondant la culture d’entreprise. L’entreprise est un microcosme très
fiable pour évaluer la pertinence et l’efficacité des rites, et prouver la
validité des « politiques symboliques ». Cet ouvrage proposera des clefs de
lecture permettant de comprendre quelles sont les fonctions de toutes ces
cérémonies dans notre société. Celles-ci scandent les passages, assurent des
transitions harmonieuses, rassemblent des communautés qui retrempent leur
identité… Elles délimitent les âges, marquent les statuts, en nous permettant
de nous souvenir, et d’appartenir. Mais tous ces nouveaux rites répondent
surtout à des besoins psychosociaux profonds : l’accès à des sphères
symboliques, mythiques et mystiques qui déroutent l’apparente rationalité de
notre paradoxal Occident. En clair, les rites se fondent sur trois principes
fondamentaux, que l’auteur a mis au jour en étudiant rituels et cérémonies
depuis plus de 25 ans : ils permettent de scénariser, de dramatiser et
d’esthétiser la vie sociale, les relations, les communautés et les
institutions. C’est tout cela que cet ouvrage racontera et analysera.
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