Laure M.

Conseillé par (Libraire)
29 août 2023

Un roman élégant

Le nouveau roman de Dominique Barbéris est un roman élégant qui nous invite à contempler avec pudeur le portrait d’une femme des années 50. Une femme discrète, réservée et secrète, qui quitte sa paisible province nantaise pour la chaleur de Douala. Une femme qui va vivre un événement presque insignifiant, un quelque chose que l’on pourrait qualifier de presque rien et qui pourtant, en dit beaucoup sur cette femme et sur tant d’autres issues de cette époque d’après-guerre.
Cette femme, elle s’appelle Madeleine. Elle vient d’épouser un jeune homme travaillant au Cameroun. Elle commence donc sa vie de jeune mariée dans ce pays, alors traversé par de nombreux soubresauts annonçant la décolonisation. Dans ce climat inédit, parmi les expatriés français à la fois insouciants et troublés, elle va rencontrer un homme, un administrateur avec lequel elle entretiendra une relation insouciante et troublante. C’est une histoire sage, platonique et éphémère, vécue par une femme de son époque, où l’élégance, la réserve et la discrétion étaient de rigueur. Cette relation n’ébranlera pas tragiquement le mariage de Madeleine. Elle nous dévoile simplement un désir, celui d’une femme discrètement romanesque et qui nous est racontée par la nièce de celle-ci. Intriguée par sa tante, elle cherche à reconstituée son histoire à partir de lettres et de quelques souvenirs récoltés. Elle nous offre à lire, par petites touches, le portrait délicat d’une femme mystérieuse et touchante au sein d’une époque lointaine que la narratrice restitue avec douceur. Un très beau roman.

Conseillé par (Libraire)
29 août 2023

Un roman musical magnifique

C’est l’histoire d’Ilaria Tagianotte, née en 1699 à Venise, et de son apprentissage musical au sein de la Piéta, une institution républicaine, réservée aux jeunes filles, où l’on y enseigne le chant et la musique au plus haut niveau. Ilaria se dévoue au violon, qu’elle apprend auprès du maestro Antonio Vivaldi. Quand elle joue, une passion l’anime... Le Grand feu est avant tout un texte sur le corps d’une violoniste et de l’embrasement que celle-ci ressent lorsqu’elle joue de cet instrument. Un même embrasement l’envahit lorsqu’elle tombe amoureuse de Paolo, un jeune garçon qu’elle rencontre lors de ses rares sorties, à l’extérieur de la Piéta. La musique et l’amour la mènent alors hors d’elle-même, au point de les confondre. Au point d’être animée par un grand feu qui la consumera.
Un roman musical magnifique ! Les mots se transforment en notes ; le roman en une partition dont l’intensité sonore augmente au fur et à mesure qu’Ilaria grandit et s’ouvre aux émois que lui procurent la musique et l’amour. Une lecture intense !

Héloïse d'Ormesson

18,00
Conseillé par (Libraire)
24 août 2023

Un premier roman beau, poétique, qui remue avec douceur

Alice Renard nous présente un personnage singulier et lumineux, une jeune fille qui n'emploie pas les mots issus de notre langage courant. Elle s'exprime par le regard, les mimiques, la danse... et quand vient le temps de se saisir des mots, elle le fait à sa manière, nous offrant à lire une poésie d'une fantaisie juste, authentique et déroutante. Elle déconcerte le lecteur autant que ses parents dont les paroles ouvrent le roman. Comme une pièce de théâtre, ils alternent leur voix. On les imagine sur une scène, dos à dos, chacun nous racontant leur vérité sur le comportement hors norme de leur fille. Ils font des efforts mais ne sauront atteindre la relation simple et évidente qu'elle entretient avec le voisin septuagénaire. Quand il entre en scène il n'a que des mots aimants pour cette enfant qui, grâce à lui, saura, une fois adolescente, être elle-même et faire changer les regards que l'on porte sur elle. Elle s'émancipe, décloisonne les espaces, nous partage son regard, né de la colère et de l'envie, qu'elle transforme en beauté. Une beauté salvatrice, réconfortante, essentielle. Un premier roman, beau et poétique, qui remue avec douceur.

Conseillé par (Libraire)
17 août 2023

Quand la Transparence devient totalitaire

Lilia Hassaine imagine une France dans un futur proche, en 2049. Les citoyens français vivent désormais dans une société de la Transparence, où chacun vit et accepte de vivre sous le regard de ses voisins, au sein d'habitats eux-mêmes transparents. L'individu ne peut donc plus se cacher du regard de l'autre. Il ne peut plus non plus commettre de crimes. La violence est maîtrisée. La France est un pays pacifié. Jusqu'au jour où une famille disparaît, ébranlant ce système qui se veut utopiste !
C'est un roman saisissant, imaginatif et actuel car l'histoire parle de notre société d'aujourd'hui, des maux qui la traversent.
C'est aussi un roman haletant, l'intrigue se concentrant autour de cette disparition qu'une enquêtrice va élucider.
Lilia Hassaine puise son inspiration dans différents genres littéraires. Elle le fait avec brio et maîtrise. Coup de cœur des libraires !

Conseillé par (Libraire)
12 juillet 2023

Une fiction dense et remarquable

La famille est une fiction remarquable, qui nous plonge dans la diaspora italienne du Brooklyn des années 30. Une immersion dans un univers que nous avons possiblement déjà expérimentée au cinéma ou en littérature. Mais cette fois-ci, l’histoire nous est racontée du point vue de deux jeunes femmes. L'autrice va nous inviter à découvrir leur vie, ce qu’elles voient et ressentent dans un monde qui, de l’intérieur est protecteur, aimant, mais de l’extérieur, violent, sans pitié.
Ces deux jeunes femmes se prénomment Sofia et Antonia. Nous les suivons dès leur enfance. Elles sont liées par une amitié forte, fusionnelle. Leurs parents sont également très proches et leurs pères travaillent tous deux pour un homme qui régit une partie de la mafia sicilienne. Malheureusement, le père d’Antonia disparaît un jour, effacé, tué par son propre clan, « La famille ». À partir de ce drame, nos deux héroïnes ne cesseront de questionner leur place au sein de cette famille tout à la fois menaçante et protectrice et dans laquelle nous allons les voir évoluer et choisir de composer ou pas avec cette violence inéluctable. Rester ou fuir. Seulement, ce choix n’est pas évident car il est difficile d’échapper au clan. Et puis, leur destin y est tracé. Il y a dans ce déterminisme, quelque chose de rassurant. En cela, le roman raconte très bien et questionne avec finesse le déterminisme familial qui empêche autant qu’il solidifie des liens puissants. À l’image de cette amitié que composent Sofia et Antonia. L’une est impétueuse et volcanique, l’autre est discrète et mesurée. Ensemble, elles traverseront leurs devoirs de filles, d’épouses et de mères et surtout elles tenteront d’exister en tant que femme et amie dans ce flot d’émotions qui les habitent, les animent et que Naomi Krupitsky nous décrit avec subtilité, détail et finesse.
Un roman dense, parfait pour les vacances d’été !