Laurence G.

Libraire passionnée à Epinal depuis 2013.

Conseillé par (Libraire)
9 août 2021

Un roman noir espagnol où l'on règle ses comptes avec le passé...

Aujourd'hui on vous conseille TERRA ALTA de Javier Cercas, paru chez Actes Sud en mai dernier, un roman qui se passe dans la Catalogne intérieure, bien éloignée des villes côtières fébriles et des plages touristiques.
Si les premières pages démarrent bien par la description d'une scène de crime, ce roman se trouve à mi-chemin entre le polar, le roman noir et le roman psychologique.
Melchor, le personnage principal, est arrivé 4 ans auparavant dans cette bourgade jusque-là tranquille. Il va être confronté à un crime affreux et, nommé enquêteur principal sur cette affaire, n'aura de cesse d'avoir trouvé ses auteurs, quitte à y laisser bien plus que des plumes...
Si Cercas nous entraîne à notre tour sur la piste du -ou des- tueur.s, il nous révèle aussi peu à peu la complexité de Melchor qui a un passé on ne peut plus torturé.
Un très bon roman qui fait découvrir un coin méconnu de l'Espagne d'aujourd'hui et de celle d'hier et le portrait d'un personnage ambigu et meurtri.

22,00
Conseillé par (Libraire)
16 juillet 2021

Un très bon roman noir croate et un auteur à découvrir !

Chaque découverte d’un(e) nouvel(le) auteur(e) est un plaisir qui s’ajoute à celui de la lecture. On se dit que si ce premier roman est bon, alors d’autres livres certainement suivront et on s’en réjouit à l’avance.
C’est le cas avec « L’eau rouge » de Jurica Pavičič, publié pour la première fois en France par les éditions Agullo, maison d’édition qui plonge dans les eaux profondes de l’Europe et nous offre ainsi
de sacrés trésors.
C’est du côté noir qu’on classera « L’eau rouge » car le roman commence dès les premières pages par la disparition d’une jeune fille de 19 ans, Silva Vela, dans un petit bourg de la côte dalmate, un soir de septembre 1989. Sortie pour aller danser à la fête du bourg, elle disparaît vers 1h 00 du matin et ne refait plus surface.
Au coeur du roman, la disparition de Silva va devenir une obsession pour sa famille une fois le dossier classé sans suite par la police, incapable de trouver le moindre indice : fuite ou assassinat, rien n’est sûr, rien n’est prouvé. Pour le frère jumeau de Silva, Mate, va alors commencer une recherche sans fin de traces éventuelles de sa sœur, autour de Split puis de plus en plus loin car la police pense que la jeune fille s’est enfuie par le train et ne veut plus donner de nouvelles.
Si l’on suit les affres d’une famille déchirée par un drame intime, l’histoire de l’ex-Yougoslavie puis du nouvel Etat qui va naître à la fin de la guerre, la Croatie, va composer la toile de fond du roman, et c’est ce qui en fait tout l’intérêt. L’auteur ne va pas se contenter de raconter le déroulé de la disparition et de la recherche de la jeune fille, il va utiliser l’histoire de son pays pour en enrichir le propos et dépeindre ainsi les 30 années qui suivent la disparition de Silva et les conséquences des bouleversements politiques sur la vie de la famille de la jeune fille et du peuple croate: la chute du régime communiste, la proclamation de l’indépendance de la Croatie et la guerre qui va suivre entre 1991 et 1995, puis l’ouverture au capitalisme et l’arrivée de spéculateurs immobiliers … Si Mate est l’un des personnages pivots, d’autres vont aussi avoir un rôle déterminant. Le commissaire Gorki Šain va ainsi prendre vie dès le premier chapitre puisque c’est lui qui va être en charge de l’enquête. L’indépendance et la guerre vont l’évincer de son poste mais il va réapparaître des années plus tard, taraudé par ce dossier qu’il n’a jamais pu refermer.
Entremêlant enquête policière, enquête familiale et histoire de son pays, Pavičič réussit à composer un roman habilement construit et que vous ne lâcherez pas avant le mot de la fin !

19,00
Conseillé par (Libraire)
6 juillet 2021

"Le roman de Jim" qui explore les liens qui unissent les êtres humains est un roman plein de délicatesse.

Le narrateur, Aymeric, jurassien pur jus, va élever comme le sien l'enfant de sa compagne jusqu'au jour où le père biologique va réapparaître. Peut-on balayer de sa vie un petit bonhomme que l'on a vu grandir pendant 7 années ? Et qu'en est-il de l'enfant ?
Pierric Bailly, avec une écriture sans apprêt, campe des personnages proches de nous, des gens simples avec des histoires cependant complexes, comme la vie, et parfois trop lourdes à porter.
Il construit de livre en livre un tableau peuplé de personnages qui n'ont rien d'héroïque; ils n'élèvent pas la voix, ils sont modestes et ne commettent aucune action retentissante mais leur récit, leur solitude, leur douleur font écho en nous.
Pierric Bailly et Nicolas Mathieu sont deux auteurs de la même génération qui regardent autour d'eux les vies brinquebalantes, souvent cabossées, de leurs congénères, dans un environnement social qui est toujours prégnant. Ils sont de la même veine, de ces auteurs qui prêtent attention aux sans grade et aux anti-héros, Mathieu dans un registre plus noir, Bailly avec une empathie énorme pour ses personnages, mais assurément avec une sacrée plume l'un et l'autre !

Éditions Gallmeister

9,50
Conseillé par (Libraire)
14 juin 2021

Quand même les traders de Wall Street sortent des rails, alors tout n'est pas foutu!

Gros coup de coeur du Moulin des Lettres pour un roman de Mark Haskell Smith paru aux éditions Gallmeister en 2019.
Ce roman d'action démarre à Wall Street dans les bureaux branchés
d' Interfund, une grosse boîte de traders qui manient l'argent des autres virtuellement, en virtuoses des marchés financiers. Tout semble rouler pour Bryan Leblanc (mais où Haskell Smith est-il allé chercher un nom pareil?), la perle des traders que son patron imagine un jour à la tête de l'affaire. Mais Brian n'est pas tout à fait la copie conforme de ses petits camarades de travail et il va nous le démontrer très vite le jour où il va mettre à exécution son arnaque... Plein de péripéties et de rebondissements sanglants qui nous embarquent des îles Hawaïennes aux îles grecques, ce roman noir est succulent, plein d'humour, à déguster !

Thriller

Le Livre de poche

8,70
Conseillé par (Libraire)
14 juin 2021

Un thriller coréen qui dévoile la part sombre des mères...

Vous aimez les thrillers psychologiques ? « Bonne nuit Maman » publié par la jeune maison d’édition Matin Calme, spécialisée dans le polar coréen, est pour vous. Diablement bien construit, ce roman présente deux histoires qui vont s’entremêler peu à peu jusqu’à se rejoindre en un final parfait.
L’un des personnages principaux est un jeune homme, tueur en série condamné à mort pour l’homicide de treize femmes. Il résiste à tout interrogatoire, restant totalement muet quant à la motivation de ses actes, jusqu’au jour où il demande à être entendu par une jeune femme, psychologue criminelle, Seon-gyeong. Celle-ci ignore pourquoi il l’a choisi mais décide de se rendre à la prison pour le rencontrer malgré son manque d’expérience . Le jeune homme va peu à peu se confier à elle et lui raconter sa longue descente aux enfers face à une mère mal aimante.
Parallèlement à cette série de rencontres qui vont se dérouler dans la prison, on va découvrir la vie que mène Seon-gyeong. Mariée à un homme divorcé, ils vont recueillir chez eux la fille de 11 ans de celui-ci. Elevée en partie par ses grands-parents maternels, elle doit désormais se faire à sa nouvelle vie chez sa belle-mère et son père car les grands-parents viennent de périr dans l’ incendie qui s’est déclaré chez eux. La fillette semble dès le départ très perturbée et son comportement étrange alerte Seon-gyeong qui doit cependant la prendre totalement en charge car son mari les délaisse toutes deux au profit de son travail.
Ce roman explore les traumatismes des enfants qui ont subi des maltraitances . Une fois devenus adultes, que deviennent en eux l’image du parent honni mais omniprésent et les souvenirs de leur enfance brisée?
Le style de l’auteure, efficace, captive le lecteur dès les premières pages, même si quelques lourdeurs et répétitions auraient pu être évitées. Le personnage de la fillette a donné lieu à une trilogie et l’on a hâte de découvrir la traduction du second tome.